Un visiteur du stand de notre association, M. Clément, nous a écrit après son passage à la Fête de l’Arbre de Quissac.
Passionné par la connaissance des fruitiers anciens et spécialiste de l’occitan, il nous a communiqué les noms de certaines variétés, notées en graphie occitane classique. Il est à noter que le nom de certains fruits provient parfois de la transcription approximative en français de noms autrefois prononcés en patois, transmis de manière orale. Il y a parfois loin entre le vocable et son écriture, de plus il existe des variantes dialectales locales…
Ce n’est pas si simple : l’occitan ne s’écrit pas comme il se prononce, sauf en Provence où Fédèri Mistral a œuvré pour rapprocher le franco-provençal du français écrit (pour faire simple et ne pas entrer dans un débat de linguiste qui n’a pas lieu ici)… Pour compliquer un peu, les variations dialectales sont assez marquées entre les régions de montagnes sous l’influence du ‘gavach‘, et le Bas-Languedoc. Des variations sont également notables d’Est en Ouest, avec des nuances marquées entre influence gasconne et provençale.
Un exemple : notre association a répertorié une variété cévenole de poire sous le nom de ‘pérous’. Les Cévennes orientales sont sous l’influence du provençal. En graphie occitane classique ce nom s’écrit ‘peros’, avec un « o » qui se prononce « ou ». Comme ces poires sont petites, on les retrouve aussi sous le nom de ‘perossets’ (en occitan) qui s’écrit ‘péroussets’ en franco-provençal ou en français. Ces poires sont très répandues dans le sud de la France… Dans les régions de montagnes, en s’approchant du Limousin et du Massif Central, on pourra trouver ‘perosetch’ , voire ‘pérousetch’ car le ‘ts’ final a une consonance chuintante en occitan auvergnat.
Autre subtilité notable : le ‘a’ final écrit en occitan classique se prononce comme un ‘o’ plus ou moins ouvert, selon l’accent et l’influence locale. Ainsi, la ‘Bournette’ originaire des Cévennes ardéchoise, et du côté Est du Mont Lozère, s’écrirait ‘borneta’ en graphie occitane classique. ‘Gaoûte Rouge’ provient sans doute de la transcription approximative de ‘gauta roja‘ qui signifie ‘joue rouge’ : une pomme à la joue rouge…
Encore un exemple : nous recherchons la poire ‘Fourmillette’. Si vous trouvez un texte qui cite ‘formilheta’, il s’agit sans doute de la même !
Dans nos dernières lettres de liaisons et sur ce site, nous avons publié une liste de noms de variétés évoquées dans des écrits anciens et non encore retrouvées. Notre lecteur nous communique, une liste traduite en graphie classique :
Per las pomas :
viveta, boca cuol, botonet, finassa, Rabaleisa, Terronèl, Terrojiana, trompa-pastre, verdassa.
Per las peras :
aigosa, bocharda, borruda, buralha, farinèla, formilheta, griseta, Cagarèl, permentona, perossets, verdeta.
Per las prunas :
buranha, muscalèla, rascalet, tarons.
André Clément