Rubrique Jardin dans La Lozère Nouvelle

« Avec le printemps s’annonce la germination d’une nouvelle rubrique, initiée par un nouvel auteur, qui se veut à la fois ludique et sérieuse, précise et libre, étonnante et documentée. 

Mais commençons par le commencement : je m’appelle Jacky Brard, je vis en Lozère depuis avril 1975. Lozérien depuis cinquante ans donc,  après être né et avoir vécu vingt cinq années en Normandie. J’ai exercé le métier de jardinier avec passion et dans la joie, avec une volonté constante d’apprendre et d’exercer au mieux ce métier en évolution permanente et rapide ces dernières années.

J’ai beaucoup cherché à transmettre et pour cela, depuis bien des années, j’ai rejoint beaucoup d’associations proches de la nature et du jardin. Pour moi les deux sont intimement liés et ma sensibilité y trouve son compte.

Ces réflexions nous amènent très directement au sujet par lequel j’aimerais commencer cette nouvelle chronique : la permaculture. Voici un terme très usité et, pourquoi ne pas le dire, très à la mode, mais qui demande à être défini dans toutes ses subtilités. La difficulté vient du fait que c’est avant tout une philosophie, une approche particulière et une certaine révolution par rapport au mode de jardinage de nos grands parents. 

Après la guerre « 1939 – 1945 » les familles avaient été rationnées et la nourriture a souvent manqué, les hommes revenant de la guerre n’avaient pas grand chose à valoriser. Ils se sont consacrés pleinement à entretenir un jardin nourricier  dont ils pouvaient être fiers. Les rangs étaient tirés au cordeau,  les allées étaient impeccablement délimitées, les adventices qu’on appelait « mauvaises herbes » étaient systématiquement éradiquées à la binette, puis au désherbant. Pour avoir de plus gros légumes les engrais issus de la chimie ont fait leur apparition. Les conditions de culture étaient définies par des critères d’efficacité immédiate, de rentabilité et tant pis si la chimie ne rassurait pas certains incrédules ! 

Il en va tout autrement avec la notion de permaculture. Le modèle ne vient pas de la chimie, mais de l’observation de la nature. Cette Nature qui depuis des siècles a élaboré, façonné, maintenu ces magnifiques paysages qui nous entourent et souvent nous émerveillent, entretenant un savant équilibre entre les plantes, les animaux qui y vivent et des conditions climatiques et altitudinales. 

De l’observation de cette nature sont arrivés des concepts nouveaux, les traitements par exemple, ils ne s’avèrent pas indispensables si nous prenons la peine d’anticiper. Le paillage méthodique des allées, et même celui du jardin, maintiendra une humidité plus longtemps, évitera la pousse de beaucoup d’adventices, protégera les racines de chaleurs excessives. L’observation des insectes nous amènera à trouver des alternatives aux pesticides. Comment la mouche de la carotte, par exemple, arrive-t-elle à pondre ses œufs sur les fanes dont vont se nourrir ses chenilles ? C’est plus simple qu’il n’y paraît : c’est son odorat qui va la guider vers la plante hôte. Si nous mélangeons des oignons aux carottes, l’odeur sera plus difficile à détecter et la mouche ira pondre ses précieux œufs chez le voisin. Ce ne sont que quelques exemples, il y en a beaucoup d’autres que vous retrouverez sans doute dans cette chronique au fil des mois. 

             La permaculture c’est aussi comprendre qu’il vaut mieux abandonner un chou aux pucerons et être tranquille pour la récolte des autres. C’est aussi apprendre à partager, à offrir les jeunes plants en surnombre, troquer graines, plantes et greffons et même offrir les surplus aux démunis. »