Le 10 juillet, le très beau verger de Yannick été le cadre d’une animation sur le thème de la taille en vert et de l’éclaircissage. Sous la chaleur accablante de ce début juillet, le nombre des participants était plus modeste qu’à l’accoutumée. Le moment n’en fut pas moins convivial, se terminant encore une fois autour d’un copieux banquet, digne d’une case finale d’une BD d’Astérix, et pouvant sustenter plus d’un Obélix !
Mais ne nous trompons pas, le plat de résistance du matin était bien le moment de formation sur les gestes arboricoles que l’on peut effectuer ‘en vert’, c’est à dire au moment où les pousses de l’année ne sont pas encore aoûtées et que le grossissement des fruits est tout juste entamé, après la nouaison. Certains étant plus renseignés que d’autres, Jacky exposait les fondements de ces pratiques, souvent ignorées du grand public, en joignant le geste à la parole. La compréhension des courants de sèves est primordiale : la sève brute, constituée d’eau et de quelques oligo-éléments monte jusqu’aux feuillage et est ensuite enrichie en sucres grâce à la photosynthèse et devient de la sève élaborée qui va « nourrir » toutes les parties du végétal. Lorsqu’on pratique la taille, il faut toujours penser que c’est nous même qui influençons ces courants de sève et ainsi nous agissons sur les parties à privilégier. Les participants se sont ensuite éparpillés en binômes pour mettre en pratique ces enseignements autour des arbres mis à disposition par l’hôte dans son magnifique terrain de jeux.
La taille des fruitiers ne s’effectue pas seulement en hiver. Les interventions de fin juin (ou début juillet selon les régions ou l’altitude) ont plusieurs avantages : accélération de la mise à fruit, rapprochement de la zone de fructification des axes principaux et des flux de sève, concentration de la distribution de la sève élaborée vers les fruits, vers les rameaux ainsi favorisés et le système racinaire… Si la photosynthèse a quelque peu diminué, l’arbre ne dépense pas l’essentiel de son énergie à la croissance de sa ramure. Ainsi, plus de sucre sera amené vers les fruits en développement, dont le nombre aura été limité par l’éclaircissage. Les fruits reçoivent plus de soleil et murissent mieux. De plus, les coupes effectuées sont de petite section, sur des tissus non lignifiés, qui cicatrisent vite grâce à l’activité de la sève dans une période estivale où les maladies liées à l’humidité (fongiques essentiellement) sont moins prégnantes. Les rameaux éliminés, parfois au couteau sans même nécessiter le sécateur, peuvent être facilement compostés sans nécessiter l’action du broyeur, ou la constitution de tas encombrants.
L’opération d’éclaircissement, qui peut s’effectuer dans le même moment, consiste à diminuer le nombre de fruits sur un rameau fructifère, et le nombre des fruits total des fruits portés par l’arbre. Une bonne pratique consiste à ne laisser qu’un ou deux fruits par bouquet. Cette action présente plusieurs avantages : à maturité les fruits sont plus gros, plus sucrés. Leur masse est mieux répartie sur les organes fructifères, ce qui peut permettre parfois d’éviter la casse. On prélève les fruits mal formés, mal placés et ceux qui sont déjà touchés par quelque ravageur, dont le Carpocapse n’est pas des moindres. On l’appelle aussi ver des fruits et c’est la larve d’un papillon nocturne.
En marge de ces moments toujours enrichissants, Yannick nous a proposé, en dessert, la dégustation d’une salade mélangée de toutes sortes de petits fruits de sa collection bien achalandée. Ce fut pour l’auteur de ces lignes, l’occasion de découvrir plusieurs variétés de merveilleuses groseilles blanches, presque dépourvues d’acidité et, dans un autre registre, d’être désormais capable de distinguer dans les cieux le Milan noir du Milan royal.
Un bien bel opus des rencontres de Vergers de Lozère !
Patrick Maurin, et Jacky Brard, pour les amendements.
Bravo et merci pour ce récit, la syntaxe est toujours agréable et rafraichissante comme un opéra.